NOTE DE L’AUTEUR
LES CONFESSIONS D’UN PHOTOGRAPHE ORDINAIRE
LE GOÛT POUR LA PHOTOGRAPHIE M’EST VENU IL Y A FORT LONGTEMPS, JE LOGEAIS DANS UNE CITÉ D’ÉTUDIANT QUI POSSÉDAIT UN LABORATOIRE PHOTO. MES DÉBUTS FURENT DONC LE DÉVELOPPEMENT DE CLICHÉS EN NOIR ET BLANC. DES HEURES DE CHAMBRE NOIRE ME PERMIRENT DE DÉCOUVRIR LA MAGIE QUE CONSTITUE LE PASSAGE DE LA PELLICULE IMPRESSIONNÉE, MAIS DONT LE CONTENU EST INVISIBLE, À L’IMAGE RÉVÉLÉE. J’AI DÉBUTÉ AVEC UNE RÉTINETTE KODAK, LE 24X36 LE MOINS CHER DU MARCHÉ, SANS TÉLÉMÈTRE NI CELLULE INCORPORÉE ET MUNI SEULEMENT D’UN OBJECTIF FIXE DE 45MM. JE DISPOSAIS DE 3 FILTRES, RESPECTIVEMENT JAUNE, ORANGE ET ROUGE. CE DERNIER ME PERMIT DE BELLES CARTES POSTALES DE BLANCS GLACIERS SOUS UN CIEL NOIR. MA PASSION POUR LE NOIR ET BLANC ET LE DÉVELOPPEMENT CONCOMITANT S’ÉTEIGNIT AVEC MON PASSAGE À LA DIAPOSITIVE COULEUR. LE KODACHROME 25 ASA ÉTAIT ALORS L’ÉMULSION REINE, TROP LENTE CERTES, MAIS DE QUALITÉ INÉGALÉE. JE PUS ALORS M’ÉQUIPER D’UN MATÉRIEL DE PRISE DE VUE NETTEMENT SUPÉRIEUR : UN REFLEX EXA II A OPTIQUE INTERCHANGEABLE. J’AVAIS ACQUIS UN MERVEILLEUX OBJECTIF, LE 50 MM TESSAR DE ZEISS À PRÉSÉLECTION AINSI QU’UN 90MM ANGENIEUX QUI, N’ÉTANT PAS MUNI DE PRÉSÉLECTION, ÉXIGEAIT DE PHOTOGRAPHIER À GRANDE OUVERTURE POUR VOIR QUELQUE CHOSE DANS LE VISEUR, MAIS QUI AVAIT UNE QUALITÉ OPTIQUE EXCEPTIONNELLE. J’ÉTAIS DE PLUS ÉQUIPÉ D’UNE CELLULE LUNASIX, LE HAUT DE GAMME DES POSEMÈTRES. JE FRÉQUENTAIS ALORS LE PHOTO-CLUB DE GRENOBLE ET LA CONFRONTATION AUX MEILLEURS AMATEURS DE LA RÉGION ME PERMIT DE BEAUCOUP PROGRESSER. J’ACCUMULAIS DES MILLIERS DE DIAPOSITIVES, TOUCHANT UN PEU À TOUS LES GENRES, PAYSAGES, PORTRAITS, GRAPHISMES, NON FIGURATIF… JE DISPOSAIS D’UN PROJECTEUR MALIK À PANIERS QUI NÉCESSITAIT LE PASSAGE MANUEL DES DIAPOS, UNES À UNES. J’AI PU À CETTE ÉPOQUE VENDRE QUELQUES CLICHÉS AUX ÉDITIONS ARTHAUD POUR DES SOMMES FORT MODESTES. J’OBTINS AUSSI QUELQUES MODESTES SUCCÈS DANS LES CONCOURS PHOTOGRAPHIQUES.
PUIS VINT MA PASSION POUR LE DIAPORAMA, FAITE DU BONHEUR, NON SEULEMENT DE PHOTOGRAPHIER, MAIS ENCORE D’IMAGINER UN SCÉNARIO, D’ÉCRIRE UN TEXTE, DE TROUVER UN FOND MUSICAL. L’ARRIVÉE DU PROJECTEUR SIMDA PERMIT LE FONDU ENCHAÎNÉ ET LA FIN DU « TROU NOIR » ENTRE CHAQUE VUE ET, MIEUX ENCORE, DE PERMETTRE DE CRÉATIVES « TROISIEMES IMAGES ». J’EUS ALORS LE PRIVILÈGE DE CÔTOYER LE DOCTEUR FRANÇOIS FLORENCE, L’UN DES MEILLEURS DIAPORAMISTES DE FRANCE, PLUSIEURS FOIS PRIMÉ DANS LES FESTIVALS DE VICHY ET D’ÉPINAL.
PUIS VINRENT DE LONGUES ANNÉES SANS PHOTOS, HORMIS DES SOUVENIRS DE VOYAGES, ÉQUIPÉ ALORS D’UN OLYMPUS OM 1 ET D’UN PETIT BIJOU, LE ROLLEI 35 QUI TENAIT DANS LA POCHE.
IL Y A QUELQUES ANNÉES JE DÉCIDAIS DE REVENIR À MES PREMIÈRES AMOURS. L’ARGENTIQUE SE MOURRAIT, LES ALGORITHMES REMPLAÇAIENT LES SELS D’ARGENT…LE NUMÉRIQUE S’IMPOSAIT. JE M’ÉQUIPAIS DE PIED EN CAP, UN NIKON D300 ET UNE SÉRIE D’OBJECTIFS NIKON DE HAUT DE GAMME. LE DYNAMIQUE PHOTO-CLUB DE BIVIERS ET SES ATELIERS DE FORMATION FUT D’UN GRAND SECOURS POUR MON INITIATION AU MANIEMENT DES LOGICIELS DE POST-TRAITEMENT OU ENCORE DE CEUX NÉCESSAIRES AU MONTAGE SONORISÉ. J’Y RETROUVAIS LE PLAISIR DE LA CONFRONTATION À D’EXCELLENTS PHOTOGRAPHES ET L’ÉVIDENTE PROGRESSION QUI EN EST LE FRUIT. ET, DE NOUVEAU LES COMPÉTITIONS, CONCOURS « IMAGES PROJETÉES », « IMAGES SUR PAPIER » ET « DIAPORAMAS ».
PREMIERS RÉSULTATS :
- 1ER PRIX AUTEUR (IMAGES PROJETÉES) 2011 DE L’UNION RÉGIONALE D’ART PHOTOGRAPHIQUE RHÔNE-ALPES
- 6EME PRIX NATIONAL DU LIVRE D’AUTEUR PHOTOGRAPHE DE LA FÉDÉRATION PHOTOGRAPHIQUE DE FRANCE
Contact: jean-louis.pierre4@wanadoo.fr
QUELQUES RÉFLÉXIONS SUR LA PHOTOGRAPHIE
UN PHOTOGRAPHE, FUT-IL ORDINAIRE, APRÈS DE LONGUES ANNÉES DE PRATIQUE, PEUT S’OFFRIR MODESTEMENT QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE MOYEN D’EXPRESSION QU’IL UTILISE. JE TENDS MÊME À PENSER QU’IL LE DOIT, S’IL AMBITIONNE D’ÊTRE PLUS QUE CELUI QUI SE CONTENTE D’APPUYER SUR LE DÉCLENCHEUR.
IL Y A DE NOS JOURS UN BEAUCOUP PLUS GRAND NOMBRE DE PHOTOGRAPHES AMATEURS QUE DU TEMPS DE L’ARGENTIQUE. EN 2009 ET MALGRÉ LA CRISE ÉCONOMIQUE, PLUS DE CINQ MILLIONS D’APPAREILS NUMÉRIQUES ONT ÉTÉ ACHETÉS EN FRANCE, DONT 495000 REFLEX. LES EXPOSITIONS PHOTOS DE GRANDE ENVERGURE (HÔTEL DE VILLE DE PARIS, CENTRE POMPIDOU, JEU DE PAUME, BIBLIOTHÈQUE NATIONALE, ONT ÉTÉ FREQUENTÉES PAR PLUS D’UN MILLION ET DEMI DE VISITEURS EN 2009) SE SONT MULTIPLIÉES. DOISNEAU, WILLY RONIS, AVEDON, CARTIER-BRESSON ET AUTRES STARS DE L’IMAGE « ONT FAIT RECETTE ». CECI FAIT DIRE À MICHEL POIVERT, PROFESSEUR D’HISTOIRE DE L’ART A PARIS I : « COMME ON AVAIT ASSISTÉ DANS LES ANNÉES 60 À LA NAISSANCE DE LA CINÉPHILIE, NOUS VOYONS ÉMERGER LA PHOTOPHILIE ».
LE NOMBRE DE COMPÉTITIONS, AUSSI BIEN EN PHOTOGRAPHIE QUE POUR LE DIAPORAMA, CONNAÎT UNE VERTIGINEUSE INFLATION. LA PREMIÈRE CONSÉQUENCE EST UNE FORTE AUGMENTATION DE LA QUALITÉ MOYENNE DES ŒUVRES PRESENTÉES. LE NIVEAU DES COMPÉTITIONS EST BIEN AU-DESSUS DE CE QU’IL ÉTAIT IL Y A QUELQUES ANNÉES. MAIS CECI NE DOIT PAS CONDUIRE AU DÉCOURAGEMENT ; BIEN AU CONTRAIRE, LE PHOTOGRAPHE DOIT RÉLEVER LE DÉFI ET NE JAMAIS OUBLIER QUE SES « CONCURRENTS » SONT CONFRONTÉS AU MÊME « CHALLENGE ».
A CÔTÉ DE TOUT LE TRAVAIL « TECHNIQUE » DONT JE NE PARLERAI PAS ICI, LA FRÉQUENTATION DU PHOTO-CLUB EST INCONTOURNABLE CAR ON Y TROUVE CONSEILS ET IDÉES, CAR C’EST UN LIEU D’ÉCHANGES DE POINT DE VUE, CAR ON Y VISIONNE ET DISCUTE DES MILLIERS DE PHOTOS ET QU’ON Y PROFITE DE LA CRITIQUE CONSTRUCTIVE DE SES PROPRES IMAGES.
INDISPENSABLE AUSSI LA CONFRONTATION, QUI PASSE PAR LA PARTICIPATION AUX CONCOURS, MÊME SI LES RÉSULTATS NE SONT PAS TOUJOURS À LA HAUTEUR DES AMBITIONS.
INDISPENSABLE ÉGALEMENT LA FRÉQUENTATION DES MANIFESTATIONS INTERCLUBS ET DES EXPOS.
INDISPENSABLE ENFIN LA CONSULTATION DES OUVRAGES À VOCATION ARTISTIQUE ET DES OUVRAGES SUR TEL OU TEL GRAND PHOTOGRAPHE, DANS LESQUELS IL Y A TANT À ADMIRER…ET À APPRENDRE.
PHOTOGRAPHIE ET PEINTURE
SI LA DIFFÉRENCE ENTRE PHOTOGRAPHIE ET CINÉMA (OU ENCORE ENTRE DIAPORAMA ET VIDÉO) EST ASSEZ CLAIRE, LA PHOTOGRAPHIE, DONT L’AVÈNEMENT A RADICALEMENT MODIFIÉ LA FINALITÉ DE LA PEINTURE (CF. PLUS LOIN), MAIS QUI LUI EST SOUVENT COMPARÉE, N’EN EST PAS MOINS DIFFÉRENTE. FONDAMENTALEMENT, ALORS QUE LE PEINTRE « COMPOSE », LE PHOTOGRAPHE « CADRE », C’EST-À-DIRE DÉCOUPE. GRÂCE AU POST-TRAITEMENT LE PHOTOGRAPHE A EN OUTRE LA POSSIBILITÉ DE MODIFIER SON CADRAGE (CHOIX) INITIAL (PRISE DE VUE) À SA GUISE. IL PEUT LE CHANGER GLOBALEMENT EN PASSANT PAR EXEMPLE DE L’HORIZONTAL AU VERTICAL OU IL PEUT LE CHANGER PARTIELLEMENT AU SEIN DU FORMAT INITIALEMENT CHOISI EN PASSANT PAR EXEMPLE DU LARGE AU SERRÉ. NÉANMOINS, LES GRANDES RÈGLES DE COMPOSITION SONT LES MÊMES EN PHOTOGRAPHIE ET EN PEINTURE.
COULEUR OU NOIR ET BLANC ?
COMME LE CINÉMA, LA PHOTOGRAPHIE FUT D’ABORD EN NOIR ET BLANC (OU EN MONOCHROME). IL N’Y A PLUS GUÈRE DE FILMS ACTUELS QUI NE SOIENT PAS EN COULEUR. LES BEAUX YEUX BLEUS DE LA CRÉATURE DE RÊVE ET LA TURQUOISE MER DES CARAÏBES NE S’ACCOMMODERAIENT PLUS DE LA MONOCHROMIE. LE NOIR ET BLANC AU CINÉMA A POURTANT LAISSÉ DE MERVEILLEUSES IMAGES. QUE SERAIENT MIÈVRES EN EFFET, LES SOIRS D’ÉTÉ AU BORD DES LACS SUÉDOIS DANS MONIKA D’INGMAR BERGMAN, SI BEAUX DANS LE NOIR ET BLANC CONTRASTE DU FILM, S’ILS AVAIENT ÉTÉ « MASSACRÉS » PAR LE TECHNICOLOR ! À QUOI RESSEMBLERAIT L’ALLÉGORIE DE LA MORT QUI MARCHE SUR LA PLAGE DU « SEPTIÈME SCEAU », SOUS UN CIEL D’ORAGE, SI LA COULEUR EN AVAIT ADOUCI LE MESSAGE ? LES CLAIRS-OBSCURS EXPRESSIONNISTES DE « CASABLANCA » SUPPORTERAIENT-IL LA COLORISATION ?
HEUREUSEMENT, LE NOIR ET BLANC EST TOUJOURS CONSIDÉRÉ COMME UNE ÉVIDENCE EN PHOTOGRAPHIE.
NE REPRODUISANT PAS LES COULEURS QUI SONT CELLES DU SUJET, LE NOIR ET BLANC EST DONC PAR ESSENCE UNE INTERPRÉTATION PUISQU’ UNE GRANDE GAMME DE COULEUR EST OCCULTÉE. IL EST DONC UN CHOIX CRÉATIF. PERSONNELLEMENT, JE PRIVILÉGIE PLUTÔT LE NOIR ET BLANC POUR SOULIGNER LE GRAPHISME, POUR EN QUELQUE SORTE ÉPURER L’IMAGE ET TENDRE VERS L’ABSTRACTION. MAIS LA RICHESSE DE LA PALETTE QUI VA DU BLANC AU NOIR VIA UNE INFINITÉ DE NUANCES DE GRIS PEUT ÉVIDEMMENT PERMETTRE TOUT AUTRE CHOSE. AINSI, LES PORTRAITS OU LES NUS DE STUDIO NE GARDENT QUE LES FORMES ET LES JEUX DE LUMIÈRE QUI VONT « RENDRE » LES VOLUMES. EN CE SENS ON SE RAPPROCHE PLUS DE LA SCULPTURE QUE DE LA PEINTURE. LE NOIR ET BLANC ME SEMBLE-T-IL EN OUTRE, RÉVÈLE MIEUX LES TEXTURES. JE NE PEUX L’EXPLIQUER, MAIS JE TROUVE QUE NOIR ET BLANC N’EST JAMAIS VULGAIRE, CE QUI N’EST PAS LE CAS DE LA COULEUR. CERTAINS GRANDS PHOTOGRAPHES ONT AFFIRME QUE LE NOIR ET BLANC ÉTAIT PLUS RAFFINE (ÊTRE UN GRAND PHOTOGRAPHE NE PRÉSERVE PAS DU SECTARISME) ; JE NE SUIS PAS DE CET AVIS, CAR IL Y A AUSSI POSSIBILITÉ DE RAFFINEMENT DANS ET PAR LA COULEUR. PERPÉTUER LA TRADITION N’EST PAS, À MON SENS, UN ARGUMENT SUFFISANT POUR CHOISIR LA PHOTOGRAPHIE EN NOIR ET BLANC.
LA COULEUR ET SES COMBINAISONS INDUISENT D’AUTRES ÉMOTIONS. IL EST DE MAGNIFIQUES PHOTOS EN NOIR ET BLANC, MAIS AUXQUELLES A ÉTÉ LAISSÉ UN « ZEST » DE COULEUR. IL EST DES IMAGES RÉUSSIES OU LA POLYCHROMIE A ÉTÉ VOLONTAIREMENT « SATURÉE » AU MAXIMUM, CAR CETTE POLYCHROMIE EST PRÉCISÉMENT LE SUJET DE LA PHOTO. LORSQUE LA BEAUTÉ NATURELLE D’UN SUJET RÉSIDE DANS SA COULEUR, IL SERAIT DOMMAGE DE SE PRIVER DE CELLE-CI . LE VERT DES RIZIÈRES DE MONTAGNES DU NORD-VIETMAN, LA ROBE ORANGE-FLUO D’UN BONZE, UN MASQUE DE VENISE…J’AVOUE LES PRÉFÉRER EN COULEUR !
LE NUMÉRIQUE A MODIFIÉ LA PRISE DE VUE EN NOIR ET BLANC ET IL EST EN GÉNÉRAL CONSEILLÉ DE PARTIR DU CLICHÉ COULEUR POUR LE TRANSFORMER EN MONOCHROME LORS DU POST-TRAITEMENT. CELA EST UN PROBLÈME TECHNIQUE QUI N’INFLUENCE PAS L’ASPECT ESTHÉTIQUE PROPREMENT DIT. LE NOIR ET BLANC A EU SES GRANDS PHOTOGRAPHES (DOISNEAU, BRASSAÏ, RONIS ET BIEN D’AUTRES) ET CONTINUE DE LIVRER AUJOURD’HUI D’AUTHENTIQUES CHEFS-D’ŒUVRE. IL RESTE UN CHOIX ARTISTIQUE MAJEUR.
QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE ?
ROLAND BARTHES, DANS « LA CHAMBRE CLAIRE » A ANALYSÉ LE PROCESSUS CRÉATIF DE LA PHOTOGRAPHIE. COMME LE SOULIGNE MATTHIEU RAFFARD, « LA PHOTOGRAPHIE EST ASSIMILABLE A UNE ÉNIÈME ENTREPRISE PROMÉTHÉENNE VISANT A POSSÉDER LE MONDE ». DE NOMBREUX GRANDS PHOTOGRAPHES SE SONT EXPRIMÉS DANS LEURS ÉCRITS SUR LE SUJET. C’EST EN TOUTE HUMILITÉ QUE JE ME PERMET ICI DE COUCHER QUELQUES PENSÉES… DE PHOTOGRAPHE ORDINAIRE.
LA PHOTOGRAPHIE, ET CE DES SES ORIGINES, EST UNE DÉFENSE CONTRE LE TEMPS. ELLE EST AUSSI UNE CATHARSIS AU SENS THÉRAPEUTIQUE DU TERME PARCE QU’ELLE SUBLIME LE BESOIN D’ÉXORCISER LE TEMPS. ELLE EST LE DÉSIR DE REMPLACER LE MONDE EXTÉRIEUR PAR SON DOUBLE, DE SE L’APPROPRIER. MAIS SI, À SON ORIGINE, LA PHOTOGRAPHIE A LIBÉRÉ LA PEINTURE DE SON EXIGENCE DE RESSEMBLANCE PUISQU’ELLE L’A REMPLACÉE DANS SON RÔLE DE TÉMOIN, ELLE S’EST LIBÉRÉE À SON TOUR DE CETTE OBSESSION DE RÉALISME. LE CONFLIT ENTRE LE STYLE ET LA RESSEMBLANCE EST UN PHÉNOMÈNE MODERNE. S’IL ÉTAIT NATUREL QU’À SES DÉBUTS LE PHOTOGRAPHE SE CONTENTE DE COPIER, IL EST ENSUITE RAPIDEMENT DEVENU ARTISTE, C’EST-A-DIRE CRÉATEUR. ON PEUT CITER, A PROPOS DE LA PHOTOGRAPHIE, CE QUE FELLINI DISAIT DU CINÉMA : « IL EST TEMPS, OUI, IL EST TEMPS DE S’AFFRANCHIR DE L’ESCLAVAGE DANS LEQUEL NOUS TIENT LA RÉALITÉ, CETTE RÉALITÉ AUX DOIGTS RAIDES QUI S’AGRIPPE À NOS MANCHES, ET NOUS EMPÊCHE DE REGARDER PLUS LOIN ». L’IMAGE PEUT MAINTENANT ÊTRE FLOUE, DÉFORMÉE, DÉCOLORÉE ET SANS VALEUR DOCUMENTAIRE, ELLE EST DEVENUE ŒUVRE D’ART. L’ÉXISTENCE DU SUJET EST DÉFINIE PAR RAPPORT AU TEMPS QUE LA PHOTOGRAPHIE PEUT FAIRE BIEN PLUS QUE FIGER : ELLE LE TRANSCENDE. À L’APPUI DE CETTE AFFIRMATION , S’IL FALLAIT RÉPONDRE AVEC UN MINIMUM DE MOTS À LA QUESTION « QU’EST-CE QU’UNE BONNE PHOTO ? », JE DIRAIS : C’EST UNE PHOTO QUI N’A PAS VIEILLI. LA PHOTOGRAPHIE A DROIT AU SYMBOLE. UNE BONNE PHOTOGRAPHIE DOIT RACONTER UNE HISTOIRE. EN D’AUTRES TERMES, ELLE EST SUGGESTIVE. AINSI, PAR EXEMPLE, L’IMAGE D’UN NAVIRE QUI QUITTE LE PORT EST BEAUCOUP PLUS QUE LA TRACE D’UN INSTANT FUGACE, QUE DE L’ÉPHÉMÈRE FIGÉ : C’EST L’OUVERTURE VERS UN DESTIN. C’EST UNE INVITATION À PARTIR AVEC LA FUMÉE DU PAQUEBOT. CECI N’EXCLUT PAS LA PHOTOGRAPHIE « TÉMOIGNAGE ». SIMPLEMENT, LE PHOTOGRAPHE DOIT AFFRONTER DIALECTIQUEMENT DEUX TYPES DE RÉALITÉS : D’UNE PART LE SUJET PHOTOGRAPHIQUE DÉBARRASSÉ DE TOUTE SYMBOLIQUE, SANS ARTIFICE, ET D’UNE AUTRE PART UNE RÉALITÉ INTERPRÉTÉE, C’EST-À-DIRE TÉMOIGNANT NON PLUS DE SON SUJET, MAIS DE SA VISION.
CES CONSIDÉRATIONS NE SONT PAS DE L’IMMODESTIE MAIS RÉVÈLENT UNE QUÊTE. JE VOUDRAIS POUR CONCLURE CITER INTÉGRALEMENT CET EXTRAIT DE « LA SOIF D’IMAGES » DE MATHIEU RAFFARD : « JE NE VOYAIS PAS ENCORE QUE PHOTOGRAPHIER POUVAIT METTRE ENTRE LE RÉEL ET MOI UNE DISTANCE CONFORTABLE, QU’IL Y AVAIT DANS TOUT CELA QUELQUE CHOSE DE L’ORDRE DE LA PRÉDATION ; JE NE VOYAIS PAS NON PLUS LES TRACES D’ORGUEIL DERRIÈRE LA TENTATION DE L’ESTHÉTISME, NI CELLES D’UN CERTAIN FÉTICHISME DERRIÈRE CES COLLECTIONS D’ÉTRANGES RELIQUES. ».